Bonjour,
Votre désarroi est perceptible et compréhensible. Heureusement –si j’ose dire- vous avez pu apprécier la difficulté actuelle lorsque votre mère était à domicile. Le refus de soins n’est pas chose rare et constitue un de motifs d’entrée en établissement.
Intéressant aussi de constater que le même mot (maltraitance) peut être utilisé pour désigner une chose et son contraire.
Que dit la définition affichée sur le site d’ALMA (
http://www.alma-france.org/Maltraitance ... agees.html) ?
Maltraitance. Définition. « Tout acte, ou omission qui a pour effet de porter gravement atteinte, que ce soit de manière volontaire ou involontaire, aux droits fondamentaux, aux libertés civiles, a l’intégrité corporelle, à la dignité ou au bien-être général d’une personne vulnérable." C’est ainsi que le Conseil de l’Europe a défini en 1987 cette problématique dont des signalements émergeaient en provenance du corps médical depuis une dizaine d’années.
Résumons-nous : le mot « maltraitance » est employé très facilement à l’encontre des familles ou des institutions dès qu’un désaccord survient sur la conduite à tenir dans les cas difficiles. Ceci ne règle pas le problème. D’un côté, trop contraindre votre maman serait une maltraitance (« active »). De l’autre, la négliger en serait aussi une (« passive »). De manière plus perverse, je pourrais vous dire que les « libertés civiles » sont souvent peu respectées chez les déments.
Le plus important est le vécu de la personne concernée quant à la limitation de ses soins de base relativement aux normes communément admises pour un adulte en 2013. Normes pas toujours respectées par des personnes non-démentes. Nous sommes inégaux devant l’hygiène. Pardon pour cette question motivée par les réponses que j’ai obtenues pendant 18 ans et demi de gériatrie : votre maman était–elle fort préoccupée de sa propreté avant de souffrir de troubles cognitifs ?
Vous souffrez, c’est évident. Déjà difficile d’admettre qu’elle soit malade. Le sentiment des familles est toujours, peu ou prou, celui d’avoir abandonné son parent à l’institution. Pire si votre maman n’est pas propre. Ceci peut vous donner le sentiment de l’avoir abandonnée, qui plus est à un établissement négligeant.
Mais elle ? Présente-t-elle de ce fait des signes ou symptômes d’inconfort potentiellement liés à cette situation comme une dermatose ou des douleurs buccales ? Se plaint-elle de douleurs au niveau des ongles des mains ou des pieds ? Si elle ne peut pas exprimer sa douleur, des signes de retentissement sont-ils présents : difficultés à la marche, blessures ? Son odeur est-elle incommodante au point de compromettre la relation avec les autres résidents ?
D’autres questions sont en suspens : comment les personnels s’y prennent-ils pour les rares soins dont elle bénéficie ? Soins en contrainte physique (à plusieurs en tenant la personne) ? Soins sous sédation pharmacologique ? Soins courts et fragmentés ? Repérage des moments propices éventuellement connus grâce à des petits signes de détente que constatent les aides-soignantes ou infirmières ? Diversion de la personne ? Repérage d’un soignant mieux accepté que d’autres ? Changement de soignant en cas d’échec ? Votre présence (acceptée ou non ?) peut-elle être tranquillisante ? Le personnel a-t-il été formé à des procédures d’approche telles que « l’Humanitude » ou équivalente ? L’espacement de soins est-il lié à un manque de personnels ou bien à une attitude délibérée justifiée par l’opposition de votre maman ?
Beaucoup de questions, je m’en excuse. Mais je n’ai jamais vu une seule situation simple dans ce domaine.